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Tu as quarante ans, mon fils, et j’en ai donc plus.
Mais ton ventre s’efflanque quand le mien voudrait fuir.
Et tes forces t’échappent.
Alors qu’en est-il des miennes ?
Tes cheveux
Autrefois blond paille
Dans lesquels je passe
Ce soir, doucement
Le peigne de mes doigts gourds
Tes cheveux autrefois blond paille
Se clairsèment
Et s’éteignent.
Comme j’éteins la veilleuse de ton chevet
Et m’efface
Laissant désormais la nuit rêche et myope
T’envelopper à ma place.
Je suis vieille et démunie, mon enfant de quarante ans
Je suis vieille et démunie
Et tu meurs
Sans égal
Sans égard presque
À mesure
Que je descends
L’escalier.
Tu meurs.
Ton père dehors maugrée
Mais finit d’abattre d’un geste
Le frêne à l’écorce duquel
Tu verdissais tes velours.
© Vincent Fouquet (2016)
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